À l’occasion de la 13e édition de l’Apéro Défi, organisée au Palais Brongniart par l’Institut des Crypto-Actifs du Pôle Léonard de Vinci et Finance Innovation, Elissar Toufaily, enseignante-chercheuse à l’EMLV et membre du De Vinci Research Center, a présenté ses travaux consacrés à la confiance dans les technologies blockchain.
La rencontre a également donné la parole à Mieszko Mazur (ESSCA), autour de sa conférence « Toward a New Bitcoin Paradigm. The Role of Institutional Investors and Nation States », qui explore la place croissante du Bitcoin dans les stratégies financières et politiques internationales.
Les Apéro Défi : un format au service de l’écosystème
Les Apéro Défi sont des rendez-vous bimensuels qui réunissent chercheurs, professionnels et étudiants autour de deux interventions dédiées aux crypto-actifs.
L’édition du 9 octobre, organisée par l’Institut des crypto-actifs du Pôle Léonard de Vinci au Palais Brongniart en partenariat avec Finance Innovation, s’est tenue en présentiel, avec un enregistrement à venir sur YouTube.
Au programme : deux conférences, suivies d’un moment d’échange convivial favorisant les discussions entre acteurs académiques et économiques.
Repenser la confiance dans les technologies blockchain et les crypto-actifs : une technologie “trustless”… mais pas sans confiance
Traditionnellement présentée comme une innovation fondée sur la transparence du code et la désintermédiation, la blockchain repose en réalité sur un équilibre complexe entre technologie et confiance humaine.
Lors de son intervention, Elissar Toufaily a montré que les failles techniques, les crises de gouvernance (FTX, Terra Luna) et les comportements opportunistes démontrent que la confiance ne disparaît pas : elle se déplace.
Les utilisateurs doivent continuer à accorder leur confiance aux développeurs, aux plateformes d’échange, aux validateurs et aux régulateurs. La blockchain ne supprime donc pas la confiance, elle la redistribue à de nouveaux acteurs.

Elissar Toufaily lors de son intervention
Construire une “couche de confiance” au-dessus du système
En s’appuyant sur des approches croisées en psychologie, sociologie, économie et systèmes d’information, Elissar Toufaily propose un modèle intégré de la confiance dans l’écosystème blockchain.
Ce modèle repose sur trois dimensions :
- Interpersonnelle, fondée sur la réputation et les comportements ;
- Institutionnelle, soutenue par la régulation et la transparence ;
- Calculative, liée à la perception du rapport coût-bénéfice.
L’enjeu est de bâtir une “trust layer” pour consolider la fiabilité des systèmes décentralisés, tout en maintenant la flexibilité et la transparence propres à la blockchain.
Vers un cadre opérationnel de la confiance
À partir de 41 entretiens menés avec des investisseurs, experts et fondateurs de start-ups blockchain, la chercheuse identifie quatre grands leviers de confiance :
- Profil de l’investisseur : niveau de connaissance, perception du risque, appétence à la confiance.
- Caractéristiques de l’application : valeur perçue, transparence du white paper, crédibilité de l’équipe fondatrice.
- Environnement externe : maturité numérique, cadre réglementaire, reconnaissance institutionnelle.
- Facteurs techniques : sécurité, gouvernance, degré de décentralisation, expérience utilisateur.
- Ce cadre aide à analyser la confiance à chaque étape du parcours utilisateur et à favoriser l’adoption durable des crypto-actifs.
Une typologie des tokens pour mieux réguler
L’étude propose une classification en sept catégories de tokens (monétaires, utilitaires, adossés à des actifs, de gouvernance, de collection, “meme” et “company-backed”). Chacun présente des enjeux spécifiques de valeur, de gouvernance et de régulation.
Cette distinction permet d’éviter les approches uniformes et d’adapter les exigences de conformité selon la fonction économique du token.
Vers une blockchain plus responsable
Pour renforcer la confiance dans les écosystèmes décentralisés, Elissar Toufaily souligne la nécessité d’une approche plus pédagogique et transparente, reposant sur :
- la certification des smart contracts,
- des mécanismes de réputation pour les acteurs,
- la coopération entre chercheurs, entreprises et régulateurs,
- et la formation des investisseurs et utilisateurs.
« La blockchain n’est pas sans confiance, elle redéfinit la manière dont la confiance circule entre les acteurs », conclut-elle.
Hybridation management–tech–finance : au cœur du modèle EMLV
Cet événement illustre l’ADN du Programme Grande École de l’EMLV : relier management, digital et technologie dans une même approche pédagogique.
Les étudiantes et étudiants y sont formés à analyser les impacts des innovations – IA, blockchain, cybersécurité – sur les organisations et à conjuguer performance et responsabilité.
Accréditée AACSB, AMBA et EFMD Accredited Master, l’EMLV forme des managers hybrides et responsables, capables d’évaluer un protocole, de comprendre un modèle de gouvernance et d’anticiper les mutations liées aux technologies émergentes.
Recherche appliquée et employabilité
L’intervention d’Elissar Toufaily, enseignante-chercheuse au De Vinci Research Center, illustre la dimension recherche-action de l’EMLV : produire des travaux utiles aux entreprises, aux décideurs publics et aux étudiants.
Ces recherches nourrissent les spécialisations du Programme Grande École en marketing digital, finance de marché ou management des systèmes d’information, où les crypto-actifs et la blockchain deviennent des compétences stratégiques.