Le Pôle Léonard de Vinci a accueilli Stéphane Lenco, VP Cyber et RSSI Groupe chez Thales, parrain de la promotion 2024. Devant un public mêlant étudiants en management, d’ingénierie et du digital, l’intervenant a partagé une analyse directe et nuancée des nouveaux équilibres géopolitiques, économiques et technologiques.
Une intervention riche pour décrypter ce que deviennent les notions de résilience, de souveraineté et de responsabilité stratégique dans un monde où les organisations évoluent sous tension permanente.
Un regard opérationnel sur un monde fragmenté
Stéphane Lenco (Thales), l’a rappelé d’emblée : comprendre la cybersécurité aujourd’hui, c’est comprendre un environnement international traversé par les conflits, la compétition technologique et la multiplication des crises.
Il a décrit la succession d’événements qui ont marqué les dernières années – Ukraine, Moyen-Orient, tensions en Asie, campagnes de désinformation – et la manière dont ces dynamiques redéfinissent la place des entreprises, des États et des citoyens.
Pour les étudiants, cette plongée dans la réalité du terrain a permis de saisir que la cyber ne relève plus d’un univers isolé réservé aux ingénieurs : elle interagit désormais avec la finance, les ressources humaines, le marketing, le droit, la communication et le pilotage stratégique.
Le message était clair : toute organisation dépend aujourd’hui du numérique pour continuer à fonctionner, et la résilience devient un enjeu de gouvernance.
Quand la résilience dépasse la technique
À partir du cas ukrainien, l’intervenant a montré comment un État choisit de préserver ses capacités vitales en urgence.
Migration rapide vers le cloud, maintien des services essentiels, lutte informationnelle, protection du système bancaire : autant d’exemples où les décisions ne sont pas seulement techniques, mais stratégiques.
- Cette réalité résonne fortement avec les métiers du management :
comment assurer la continuité d’activité dans une entreprise ? - comment prendre une décision en situation de crise ?
- comment arbitrer entre autonomie, dépendance technologique et maîtrise des risques ?
- comment évaluer l’impact d’un incident cyber sur la réputation, les opérations, les clients, la supply chain ou les équipes ?
Les étudiants de l’EMLV se préparent justement à piloter ces décisions-là.
La conférence a permis de comprendre que la résilience ne se limite pas à « protéger un système » : elle consiste à organiser l’entreprise pour qu’elle continue à vivre, même dans l’incertitude.
Managers et souveraineté : une nouvelle responsabilité
La souveraineté a occupé une place centrale dans l’intervention. Stéphane Lenco a évoqué les choix stratégiques que doivent faire les États comme les entreprises : maîtrise des technologies critiques, dépendances dans le cloud, garanties sur les données, contrôle des chaînes de valeur.
L’exemple du secteur aéronautique et de la maintenance des avions a illustré, de manière concrète, que la souveraineté dépasse largement la dimension politique : elle touche les performances opérationnelles, les délais de production, les dépenses, l’innovation et la compétitivité.
Pour les futurs managers, cela ouvre des questions structurantes :
- comment construire une stratégie d’entreprise qui tient compte des contraintes géopolitiques ?
- comment évaluer les fournisseurs, les partenaires ou les technologies au prisme du risque ?
- comment penser la transformation numérique sans exposer l’organisation à des dépendances non maîtrisées ?
La souveraineté n’est plus une abstraction : c’est un critère de management.
La réglementation comme moteur… et comme contrainte
L’intervenant a ensuite évoqué l’avalanche réglementaire qui encadre l’activité numérique : NIS2, DORA, Digital Operational Resilience Act, Cyber Resilience Act, AI Act, Data Act… Chaque texte cherche à structurer un espace numérique plus sûr, mais l’ensemble crée une complexité inédite pour les entreprises.
Stéphane Lenco a partagé une réalité : certains dirigeants redoutent moins l’amende que la possibilité d’être déclarés « incompétents » en cas de manquement grave.
Ce passage a fait écho aux métiers de la conformité, de la gestion des risques, de l’audit, du conseil et de la stratégie – des débouchés importants pour les diplômés d’une école de management.
Les étudiants ont compris que le rôle des managers consiste autant à piloter la performance qu’à organiser la responsabilité, en clarifiant les obligations, en évaluant les risques, en donnant des marges de manœuvre et en créant des environnements où la sécurité numérique devient un réflexe collectif.
Lors de la conférence au Pôle Léonard de Vinci
IA, agents, automatisation : un monde d’arbitrages
Le cœur technologique de la conférence s’est articulé autour de l’intelligence artificielle.
Stéphane Lenco a montré comment l’IA accélère autant les attaques que les défenses, comment elle transforme les métiers, et comment elle impose une vigilance sur les biais, les hallucinations, la provenance des modèles ou la sécurisation des données.
Pour les étudiants de management, ce point ouvre des perspectives directes :
- comment intégrer l’IA dans l’organisation sans perdre la maîtrise des processus ?
- comment encadrer les usages internes pour éviter les dérives ?
- comment analyser un modèle économique reposant sur l’IA ?
- comment définir une stratégie RH dans un contexte où la productivité évolue ?
L’intervenant a aussi insisté sur la nécessité de préserver le discernement humain.
L’IA devient un outil puissant si elle s’inscrit dans une démarche structurée ; elle devient un risque si elle remplace la réflexion.
Ce que retiennent les étudiants de management
À travers les exemples, les récits de crises et les explications opérationnelles, la conférence a permis de dégager plusieurs points clés pour les futures carrières en école de commerce :
- la résilience est une compétence stratégique, pas une capacité uniquement technique ;
- les managers doivent comprendre les interdépendances entre géopolitique, réglementation, innovation et performance ;
- la souveraineté influence les décisions économiques autant que les choix technologiques ;
- la cyberstructure d’une entreprise est devenue un sujet de gouvernance ;
- l’IA transforme les métiers, mais elle demande des cadres, des garde-fous et du sens ;
- la transversalité est un atout : travailler avec les ingénieurs, les juristes, les data scientists devient indispensable.
La présence d’un acteur comme Thales, engagé dans les secteurs critiques, a permis de rendre ces enjeux tangibles.
Pour les étudiants de l’EMLV, cette conférence a illustré ce que signifie diriger une organisation dans un monde instable : apprendre à décider dans l’incertitude, structurer la confiance, anticiper les risques et maintenir l’activité malgré les ruptures.
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